Transdialectique

Le marteau parle

Le marteau parle

Der Hammer redet — Le marteau parle — Parole de marteau.

Warum so weich? Oh meine Brüder, also frage ich euch: seid ihr denn nicht — meine Brüder?
Warum so weich, so weichend und nachgebend? Warum ist so viel Leugnung, Verleugnung in eurem Herzen? so wenig Schicksal in eurem Blicke?
Und wollt ihr nicht Schicksale sein und Unerbittliche: wie könntet ihr einst mit mir — siegen?
Und wenn eure Härte nicht blitzen und schneiden und zerschneiden will: wie könntet ihr einst mit mir — schaffen? A.S.N.

Pourquoi si mous ? Oh mes frères, je vous questionne ainsi : n’êtes-vous donc pas — mes frères ?
Pourquoi si mous, si mollissants et fléchissants ? Pourquoi tant de négation, de dénégation dans votre cœur ? si peu de destin dans vos regards ?
Et ne voulez-vous pas être des destins et des impitoyables : comment pourriez-vous un jour avec moi — vaincre ?
Et si votre dureté ne veut pas fulgurer et couper et découper : comment pourriez-vous un jour avec moi — créer ? A.D.T.

Toi qui me lis, toi qui me questionnes, je te questionne à mon tour : n’es-tu pas mon sang ? Ne partageons-nous pas le même sang, la même fatalité ? Alors pourquoi es-tu si faible ?
Ô mon sang, pourquoi si faible ? si frêle et si blême ? Si tu nies ton propre destin, comment pourrais-tu forger ton propre destin, mon sang ?
Ne veux-tu pas m’accompagner en ces pas, en cette danse antique, l’héritage des âges où le ciel brillait encore de mille flamboiements, de mille destins : comment pourrais-tu vouloir, mon sang, triompher parmi ces destins ?
Si tu ne souhaites pas devenir un avec tout ce qu’exprime le tonnerre : comment pourrais-tu vouloir, mon sang, créer parmi ces destins ? A.D.M.

Ô toi mon lecteur, toi mon sang, quitte les labyrinthes modernes, rejoins-moi auprès de Silène, il est venu le temps de la foudre et de la guerre, il est venu le temps des fins et des recommencements.

L’agone aura bien lieu, regarde, mon sang, regarde au loin la milice, le ciel s’assombrit, il est venu le temps des boucs et des boucliers, le temps d’Eschyle et de la chute, l’agone aura bien lieu avec le progrès lui-même, mon sang, nous trancherons et nous transpercerons, nous traverserons l’heure des progrès.

À travers le temps ou à travers leur temps, leur seule perspective se divisera, et notre éclatement visera la puissance, toute notre volonté, mon sang, ira à la puissance.

Parce que tu es mon sang, parce qu’il ne peut en être autrement, tu as en toi le soleil invaincu et son flamboiement, mon sang, parce que tu es mon sang, demain est encore possible.

persona(e) : Pierre Martello
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